Le président Jovenel Moise dans le cadre de ses stratégies a tiré la révérence au Venezuela pour ne plus payer. Or, les produits agricoles haïtiens (maïs, blé, viande, miel, légumes, ananas, ignames, mangues, noix, petit mil etc.) importés de la République dominicaine ne peuvent plus être exportés vers Caracas. Haïti ne peut pas produire pour deux pays (Haïti et le Venezuela) et bénéficier d’une stabilité impossible et de normes de qualité. Le meilleur moyen de ne plus payer est de fâcher Caracas, de lui tourner le dos et de lui faire des grimaces.
Haïti n’a défini aucun agenda en 2019 alors qu’en 2013 le pays avait promis à Maduro une intégration dans d’autres domaines : le transport, les échanges commerciaux, et l’intégration socioéconomique et culturelle. Les 21 Etats membres de PetroCaribe devaient intensifier leurs échanges qui concernaient notamment la création de joint-ventures entre des compagnies aériennes de la région.
Le Sommet de PetroCaribe en Haïti en Septembre 2013 mettait en avant des avancées sociales non négligeables en Haïti à travers des programmes moteurs pourtant vides tels : « Kore Etidyan, Ti Manman Cheri, Kantin Mobil, Aide aux Handicapés, logements sociaux, Alphabétisation, Scolarisation gratuite, Infrastructures »
Scolarisation gratuite, Infrastructures nouvelles etc.
L’Etat haïtien capitalisait sur d’autres rentrées à partir surtout des taxes de 1 dollar 50 perçues sur les transferts d’argent et les 5 centimes obligatoires exigées sur les multiples appels téléphoniques internationaux, ce qui permettait et permet encore au gouvernement de rentrer plus de 100 millions de dollars US. Qu’est-ce qu’on en fait ?
Depuis le lancement des manifestations contre la corruption des Petro Challengers en Haïti, les experts sont restés unanimes : Haïti doit aller vite.
Voter contre le Venezuela est une bêtise
La décision du gouvernement haïtien lors d’une réunion extraordinaire du Conseil permanent de l’organisation des Etats américains (OEA) de voter contre le Venezuela a été une vraie bêtise. Si Haïti et 18 autres pays ont voté une résolution qui ne reconnait pas le second mandat du président Nicolas Maduro à la tête de la République bolivarienne elle aurait dû voter contre, imitant du même coup les six autres Etats, ou faire abstention comme les huit autres à l’instar de la Grenade garder la chaise vide, ne pas participer à la séance. Encore mieux Haïti aurait pu être absent à l’image des Etats Unis de Donald Trump.
De plus, Haïti aurait dû voler au secours de la population à faire face aux pénuries alimentaires et médicales en vue de payer une partie de sa dette estimée à environ 32,7 millions de barils, pour un montant de plus de 4 milliards de dollars.
En dépit de la stratégie de Jovenel Moïse pour ne plus payer, Haïti continue de recevoir sa facture de PDVSA et en retour, il fait payer les compagnies pétrolières locales. Ces dernières doivent payer 100% des montants facturés dans un délai maximum de 30 jours à partir de la date de chargement des tankers. Ces paiements s’effectuent par transfert de fonds sur le compte Petro Caribe logé à la BNC. Voter contre le Venezuela est une grande bêtise. C’est une grave erreur que nous autres Haïtiens devons réparer.
Le Venezuela qui importait chaque année quelque 8 millions de dollars de denrées alimentaires jusqu’à l’arrivé de Jovenel Moise a déjà accepté qu’Haïti rembourse sa dette PetroCaribe par des ventes de produits agricoles.
La dette d’Haïti dans le cadre du programme PetroCaribe est énorme. Il nous faut travailler dur et très vite en vue de concrétiser aussi cette idée de proposer en plus des produits touristiques et artisanaux pour rembourser la dette.
Le Venezuela envisageait au niveau touristique d’investir dans la construction d’un « resort » à Ile-à-Vache par exemple. On n’en parle plus.
On estime que de nouvelles compagnies aériennes modernes vénézuéliennes pourraient être les principaux bénéficiaires, si Maduro est balayé, ce qui n’est pas sûr.
Au cas où il resterait en place, ce serait un nouveau concept d’intégration régionale, facilitant l’accélération des remboursements.
Paiements au Venezuela
L’Etat haïtien a déjà versé au Venezuela la somme de 1 milliard 155 millions 949,759 dollars 86 centimes américains pour l’ensemble des importations de produits pétroliers dans le cadre de l’accord PétroCaribe, de 2008 à 2013.
Il s’agissait d’une avance payée par Haïti au pays de Hugo Chavez sur un volume en importatios excédant les 25 millions de barils de produits pétroliers pour un montant net de 2 milliards 659 millions 10,490 dollars 73 centimes. Haïti était loin d’être un Etat paria. On l’est devenu depuis le retournement des choses et du fait de la guerre diplomatique d’Haïti contre le Venezuela qui continue de considérer que le support financier le plus important pour Haïti demeure PétroCaribe.
Qu’ils le veulent ou non, les Haïtiens demeurent dépendants du Venezuela et de la Chine. Nous devons agir vite pour ne pas éterniser la dépendance financière car rien n’est éternel. D’autant plus que les recettes perçues sur les exportations de pétrole vénézuélien ont considérablement diminuées passant de 70,6% il y a 15 ans à moins de 38% déjà depuis 5 ans.
Si depuis 2014, les prix du baril ont été offerts à 40% moins cher, dans le cadre de PetroCaribe, la dette et les intérêts à payer dépasseront les 85% du cout sur les 25 prochaines années, même si la subvention de l’Etat par rapport au carburant cesse et que les compagnies privées revoient les prix à la pompe.
Les économistes les plus avertis s’attendent à ce que l’économie du Venezuela se contracte à 0,1 %, comparativement aux 5,5% de croissance de 2012, ce qui représente une baisse indéniable.
L’inflation risque de grimper continuellement, ce qui obligera des compressions inévitables dans les diverses dépenses publiques vénézuéliennes. C’est une courbe à surveiller. Au ministère des Affaires Etrangères, on s’en fout alors du problème de l’augmentation des factures à un rythme extrêmement rapide. Et le frère vénézuélien fait face déjà à une pénurie de liquidités et de devises.
La taille de la dette accumulée sera considérée au moment des remboursements, avec des périodes de grâce de deux à trois ans, et un délai de paiement final étalé sur 17 à 25 ans. La première période de grâce est terminée depuis Mai 2013. Le Venezuela se montre encore très ouvert et en général fermait les yeux sur la manière dont souvent l’Etat haïtien gaspillait PetroCaribe pour résoudre des problèmes d’urgence.
La redaction