HAïTI POLITIQUE : Tremblement de terre 2010, chronique d’un momentum raté

Le 12 Janvier 2010, à exactement 16H et 53 secondes, Haïti est frappé de plein fouet par la plus grande catastrophe de son histoire. Un séisme d’une magnitude de 7,3 vient de ravager en quelques secondes une bonne partie de son territoire en laissant derrière lui un bilan humain et matériel des plus catastrophiques : environ 300 mille morts, de centaines de milliers de blessés et des dégâts matériels dont les coûts s’élèvent à plus d’une dizaine de milliards de dollars.

L’ampleur des dégâts avait pratiquement réduit toutes les chances de l’Etat déjà trop faible à cette époque, d’intervenir pour apporter secours aux victimes, mettre en terre dans la dignité ses centaines de milliers de morts, déblayer ses villes fantômes titubant sous le poids des milliers de mètres cube de décombres, devenus rapidement insupportables.

Face à l’incapacité de l’Etat haïtien, conduit par un président René Préval totalement effacé et dépassé, la réaction de la communauté internationale, particulièrement celle de nos voisins les plus proches, était, on ne peut plus rapide. Les premiers containers de kits de premiers soins et alimentaires, et d’autres produits de premières nécessités, arrivèrent dès le soir du sinistre, de la République Dominicaine.

La France, les Etats Unis et le Canada n’ont pas tardé à réagir pour mobiliser des ressources de toutes sortes, en vue de voler au secours de la première république noire du monde, mise à genou par cette dramatique situation. Des institutions financières et Organisations Non –Gouvernementales (ONG) sous le leadership de l’Organisation des Nations Unes (ONU), se sont attelées peu de temps après, à dégager des fonds en vue de la reconstruction d’Haïti. C’est dans cette même veine qu’a été créé le Fonds de la Reconstruction d’Haïti (FRH) dont la gestion a été confiée à une Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), formée de personnalités haïtiennes et étrangères notamment l’ex président américain, Bill Clinton.

Cependant, aussi paradoxale que cela puisse paraitre, la montagne de tous ces efforts déployés par la communauté internationale et l’Etat haïtien n’a accouché que d’une souris. Cette catastrophe que nous devions utiliser comme une occasion pour rebâtir économiquement, socialement et surtout politiquement la nation haïtienne, n’a pas permis de relancer le pays.

Les milliards de dollars mobilisés par les institutions internationales, même étant gérés par des personnalités politiques internationales de premier plan, n’ont pas abouti réellement à la reconstruction d’Haïti. Avec ces milliards, on n’a pas pu cocher la bonne case. Pire encore, des gens chargés de la gestion de ces fonds, n’ont jamais rendu  compte de leur mauvaise gestion. Certaines fois, ils s’érigent même en donneurs de leçons.

Comme beaucoup d’autres « momenta », encore une fois, nous avons raté celui du tremblement de terre de 2010 qui devait nous permettre de relancer le pays sur tous les points de vue.

Claude Junior Emile