La Covid-19 en Haïti et l’économie informelle : le dilemme des cireurs de chaussures
Haïti Économie: Si la Covid-19 bat à plein fond le monde en général, l’univers des activités économiques du secteur informel haïtien en particulier a subi ardemment son impact. Les gens qui pratiquent ces activités, une grande frange de la population haïtienne, se trouvent dans le dilemme : « restez chez vous pour éviter le risque d’infecter ou encore restez confiner et mourir de faim ». Toutefois, cette économie est une économie de la subsistance qui permet à nombreux de gens de vivre au jour le jour. Tel est le cas des cireurs de chaussures, une activité entreprise le plus souvent par des gens considérés à faible revenu.
En considérant que l’économie informelle a pour objectif d’assurer la survie, l’on comprend que ceux qui dans le secteur informel, les cireurs de chaussures à titre d’exemple, mènent ces activités justement pour assurer la survie familiale au quotidien. Quitte à rappeler que le prix du cirage est de dix gourdes depuis bien des années. Comment réaliseraient-ils cette tâche en restant chez eux ? D’ailleurs, du moment qu’Haïti est officiellement touchée par la Covid 19, le 19 mars 2020, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence sanitaire. « Restez chez vous et lavez vos mains », une formule que l’on entend partout et ailleurs. Puisque le confinement, est l’un des moyens permettant de réduire le taux massif de la propagation du virus. Reste à demander comment les frotteurs de chaussures pourraient surmonter cette crise.
En effet, nous sommes tous sur le même bateau naufragé. Mais nous n’avons pas tous la même chance de sortir. Les citoyens, les citoyennes qui constituent le secteur informel haïtien sont les plus vulnérables. Les mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence ne prennent pas en compte la réalité de cette catégorie. Si pour certains, le confinement est optimal. Un moment de réflexion, de reconnexion ; facile en tongs, avec un cocktail, un café ou un thé. Pour d’autres, il s’agit d’une crise financière aiguë et familiale qui nage dans une pénurie d’espoir. En fait, comment les décrotteurs peuvent-ils être confinés sans une assistance sociale appropriée ? Alors que, le taux d’inflation est très élevé en Haïti.
Il suffit de sortir, de marcher un peu pour trouver sur les trottoirs de la plupart des villes (où la salubrité est en grand éclat) celui qui, portant sa caisse de cuivre garnie de pots, de flacons et de brosses, saura redonner fière allure à la parure de cuir si utile à nos pieds. Il est certain que c’est une activité honorable permettant l’apport d’une ressource indispensable. Et, justement dévolue à une population pauvre. Et si jamais un encaustiqueur refuse d’être confiné, il rencontrerait qui sur le trottoir ? Pourvu qu’il passe à autre chose. Mais, c’est toujours en reprenant la rue.